"𝐑𝐞𝐥𝐢𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐞𝐭 𝐩𝐡𝐢𝐥𝐨𝐬𝐨𝐩𝐡𝐢𝐞 𝐝𝐞 𝐥'é𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

Créer du lien, le restaurer lorsqu’il est fragilisé, relier des éléments qui paraissent disjoints, c’est ainsi que la reliance est définie par Bolle De Bal (2003). Elle inscrit l’individu dans un système plus large et participe à la construction du sentiment d’appartenance.

Edgar Morin intègre cette notion dans sa pensée complexe (Complexus : tisser des liens). Pour organiser un ensemble, il faut parfois séparer ses éléments. Pourtant, la séparation peut aussi mener à un cloisonnement des savoirs et des esprits. C’est ce qu’il nomme le paradigme de disjonction et de réduction (Morin, 2020). Un cadre qui limite les interactions et restreint la compréhension globale.

Restaurer des liens, c’est reconnaître que les apprentissages s’enrichissent dans l’échange. Une éthique de l’altérité permet cette mise en relation en ouvrant un espace où des visions différentes peuvent coexister et se transformer mutuellement.

Vient alors l’estime de soi. Définie par Rosenberg (1965), elle influence la manière dont une personne perçoit ses compétences et interagit avec son environnement. Elle repose sur un équilibre entre confiance et insécurité.

Dans le cadre des apprentissages, nous revenons à l’autorégulation. Cosnefroy (2010) montre que l’autorégulation repose sur plusieurs composantes :

➡️Une motivation initiale suffisante
➡️Un but clairement défini
➡️Des stratégies adaptées
➡️Une capacité à s’auto-observer et à ajuster ses actions

Un environnement marqué par l’isolement ou une faible estime de soi rend ces ajustements plus difficiles. À l’inverse, un cadre de travail structurant, des retours constructifs et une reconnaissance des efforts permettent de stabiliser ces mécanismes.

La co-régulation entre pairs favorise l’autorégulation. C'est ce que Wallenhorst et al. (2016) soulignent. Les étudiants reconnaissent l’impact de leur entourage sur leurs apprentissages, que ce soit à travers les échanges avec leurs formateurs ou avec d’autres étudiants.

Quintin et Masperi (2010) distinguent deux composantes de la reliance :
🫂La liance, qui désigne les liens affectifs créés dans un groupe
🤝L’alliance, qui repose sur un engagement collectif autour d’objectifs communs

Elle se renforcent mutuellement et influencent le climat de travail. Selon les auteurs, elles pourraient aussi s’étendre à la relation avec les tuteurs, participant ainsi à la qualité des apprentissages.

La reliance interroge la manière dont les apprentissages se construisent et la place qu’y occupent les relations. Relier ne signifie pas simplement juxtaposer des éléments, mais penser leur interaction et leur complémentarité.

En mettant en place des espaces d’échange et en valorisant les dynamiques collectives, il devient possible d’articuler transmission des savoirs et engagement des apprenants.

Et au-delà, s'élever ensemble."

Texte de Jérôme Joffray

Intervenant social
Etudiant M2 sciences de l'éducation Ingénierie et Conseil en Formation